Reportage de Jean Decaluwe
L'enthousiasme
L'enthousiasme
Il court dans sa réserve naturelle, tel l’homme faussement pressé. Tous les sens aiguisés. Il ne voudrait pas rater le chant du loriot, un de ses meilleurs amis, à peine revenu d’Afrique pour quelques mois. Ni celui du rossignol, chanteur solitaire et aimé qu’il vient écouter après minuit, tellement heureux qu’il soit revenu ici, chez lui, dans son paradis.
Et nous à sa suite. Alors, il s’arrête, le sourire persistant, la prunelle allumée. Il nous fait écouter la fauvette à tête noire, le bruant jaune, le rouge-gorge qui a trouvé sa place ; comme nous, il donne de la voix pour défendre son territoire.
Il nous présente tous ses hôtes, invités sensibles à la qualité et à la diversité de sa table de 25 ha. Table dressée patiemment depuis 23 ans avec quelques amis bénévoles comme lui.
Ayant trouvé ici à son goût, le papillon aurore blanc et orange vient nous saluer, le temps d’un battement d’ailes, trop modeste pour se laisser photographier…ou pressé de profiter des derniers jours qui lui reste à vivre.
Apôtre de la biodiversité, Monsieur Merlevede, conservateur de la réserve des Près Rosières à Deux-Acren, détient la martingale de l’enthousisasme pour nous entraîner dans son émerveillement. Intarissable, avec respect, humour et sensibilité, il se met presque à genoux aussi bien devant une dame d’onze heures que devant une reine des prés, une flammette ou une « vergeet-mij-nietje ».
Vivant en symbiose avec son environnement, il vibre avec une nature, généreuse si on la respecte, toujours prête à lui ménager des surprises – une orchidée qui soudain apparaît-
Mais une nature parfois source de tristesse – une galloway qui part- ; une nature qu’il défend et a parfois défendu au risque de sa vie, une nature pour laquelle il éprouve de la passion. La soif de partager cette passion l’emporte d’ailleurs sur toutes les autres soifs….et faims !
C’est une journée riche en découvertes.
Nous quittons un passionné pour en rencontrer une autre, une dame férue de botanique, à la Grange d’Ellezelles. Celle-ci nous entraîne au milieu de ses multiples jardins à thèmes, nous détaillant les vertus…ou les vices d’une foule de plantes, de quoi prendre soin de tous nos organes ou, mesdames, de dilater vos pupilles.
Là, il y avait de quoi se soigner. A Wodecq, il y a de quoi se nourrir. A la ferme du Dorlou, c’est le témoignage d’un homme simple qui a choisi d’offrir à ses semblables une nourriture de qualité. C’est l’aventure d’un courageux qui a osé sortir des sentiers battus et a voulu rester le plus possible maître de son outil, de son destin et celui de sa famille.
Après notre visite à ses animaux, plus coopératifs que l’aurore envers la photographe, c’est autour d’une bonne table fermière-bio que nous nous retrouvons.
Merci à Thérèse H. et à Jenny de nous avoir permis de cotoyer ces complices d’une nature dont nous sommes devenus, je crois, encore un peu plus les amis.
Jean D.
