J’aurais pu vous relater notre déambulation dans des coins de Mons que même une Montoise ne connaît pas ou vous parler du vin chaud offert par un Père Noël un peu boucher, programmé bien sûr par l’organisateur.
J’aurais pu aussi vous faire saliver en évoquant les plaisirs multiples d’une table très conviviale au St. Germain.
J’aurais même pu vous décrire les intéressantes expositions du Mundaneum. Par exemple, celle où l’on peut apprécier le talent de graphistes du monde entier qui, avec leur sensibilité artistique, dénoncent, traduisent les préoccupations des citoyens, font émerger une réflexion.
Ou l’expo « Shanghai », celle qui donne de la Belgique une vision en 3 D, telle que les chinois ont pu la découvrir, à l’exposition universelle.
S’il avait fallu tout vous dire, j’aurais pu également vous rapporter les facéties des gamins de l’Obrecheuil se canardant de boules de neige ou poussant des voitures qui patinent sur la rue de Nimy verglacée.
Mais non, je ne citerai rien de tout cela. Je veux surtout souligner le temps fort de cette belle journée, celui de notre rencontre avec un homme hors du temps…alors que vivant au milieu de ses horloges, le temps se rappelle à lui perpétuellement.
L’homme est un passionné et le mot est faible.
Dans un déferlement verbal mais aussi parfois le fiel aux lèvres (lorsqu’il évoque le manque de reconnaissance de certains), François Duesberg nous fait les honneurs de son temple des arts décoratifs. Il vole d’une vitrine à l’autre pour commenter, dans une fringale de paroles, ses collections prestigieuses, uniques au monde de pendules, de bronzes dorés.
Un homme qui se réjouit d’être insomniaque ! Cela lui permet de se consacrer jour et nuit à ses mesureuses de temps. Cet homme démesuré est-il obsédé par le temps ? Il a en tout cas l’inquiétude de la pérennité de ce patrimoine. Son ardeur frénétique, sa gourmandise boulimique pour le beau et le rare ont dévoré tout le temps d’un Duesberg à l’énergie débordante, au mental trempé dans le bronze.
Devant des yeux écarquillés, il détaille ses merveilles, les émaillant de considérations historiques, littéraires, spirituelles, exotiques. Il réfute toute étiquette d’élitisme car le beau, dit-il, appartient à tous. D’où ce grand désir de partager, de montrer.
Notre hôte ne manque pas de mettre en valeur la part qu’a prise son épouse dans la réalisation à plein temps de cette œuvre incroyable, résultat d’une quête obstinée de 50 ans.
Les époux ont marié l’art de la table (porcelaines, faïences, orfèvrerie : passion de Madame) et l’art du temps (passion de Monsieur).
Partagé entre la curiosité pour la démarche et la personnalité de ce personnage romantique hors du commun et l’admiration pour ses objets exceptionnels…et bien qu’entouré de pendules, je ne vois pas le temps passer. Pas étonnant, je n’aurai pas pu le voir passer, vu qu’il n’existe pas, me souffle un philosophe.
Ce dimanche, à mon cadran, il est toujours 10h10. Merci à Pol et Huguette.
Jean D.
19/12/2010
